(libre) just a friendly visit.

C'était une journée durant laquelle Charlie n'a pas réussi à trouver l'inspiration. Vous savez, ce genre de journée où vous ne faites qu'écrire trois lignes, puis vous les effacez parce que vous savez que vous pouvez faire mieux. Mais vous les retapez pour en fin de compter les effacer à nouveau. Bref, une journée vide de sens, vide d'intérêt et puisque sa sœur ne l'a pas appelé aujourd'hui, elle décide de sortir faire un tour.

Ses pas qui d'habitude la mènent vers un bar quelconque, ou bien le pub irlandais au coin de la rue, cette fois n'en ont rien fait. Non. Les mains bien enfoncées dans les larges poches de son trench-coat, un bonnet sur les oreilles, elle ne se rend compte de sa destination que lorsqu'elle relève les yeux du sol pour se retrouver devant les hautes portes en fer forgé du cimetière. Oh... pense-t-elle. Et si elle aurait pu faire demi-tour, elle n'en fait rien. Après tout, pourquoi pas. Maintenant que je suis là... Elle n'avait pas prévu de venir sur la tombe de ses parents, et pourtant elle sillonne dans les allées entres les fleurs et les stèles pour les retrouver. La saison d'Halloween approche alors elle remarque que les gens ont changé les couleurs de leurs compositions aux pieds de leurs tombes. Moi aussi je devrais changer les fleurs des parents... A moins qu'Elona ne soit déjà venue...? Un éternuement menace, alors elle porte sa main pour couvrir le bruit et les postillons éventuels, mais fausse alerte. Elle en profite pour replacer une mèche rebelle derrière son oreille bien calée dans la bande élastique de son couvre-chef. Et enfin après quelques minutes, Charlie se poste devant la pierre de ses parents. Ils gisent ici depuis plus de huit ans maintenant, et il n'y a rien à y faire, comme à chacune de ses visites, des larmes se mettent à couler le long de ses joues. Mais elle n'a plus de sanglots. Ce ne sont que des larmes silencieuses qui coulent depuis quelques temps déjà. Après avoir vu les atrocités dont l'homme est capable envers les siens, elle ne répond plus de la même manière face à la tristesse et au désespoir. La blonde pose tout de même un genoux à terre et pose solennellement une main douce sur le pied de la lourde pierre rectangulaire. Et c'est là, sans l'avoir entendu arriver que quelqu'un l'interpelle doucement par derrière.

L'aspect solennel de ta visite rend toutes choses autour de toi tout de suite bien ridicules. Ton téléphone qui vibre dans tapoche par exemple. Tu glisses ta main dans l'ouverture de ta veste matelassée, et sans même le sortir, tu retrouves le bouton qui permet d'envoyer l'appel directement sur messagerie. Si c'est important, ça laissera un message. Au pire un ami enverra un sms. Mais là, tu ne te sens pas de quitter la stèle, de sortir du cimetière pour avoir une conversation tout à fait banale avec quiconque.
Du revers de la main, tu essuies une larme qui pointe au coin de ton œil droit. Tu ne te pensais pas aussi émotive, plus aujourd'hui en tout cas. Il semblait que tu avais passé le stade de la tristesse pour ne garder que les bons souvenirs. Apparemment, on ne dépasse jamais complètement cette étape du deuil. Tu as pourtant lu le contraire, mais chacun doit réagir différemment t'imagines. Bah!
Tu allais pour te relever, posant une main à terre comme un appuie, mais c'est à ce moment que tu entends un superbe "et merde" lâché par dépit non loin de ta position. Cette interjection te tire un sourire en coin, puis tu tournes la tête pour voir ce qu'il se passe en réalité, tout en te relevant. C'est là que tu vois une jeune femme à la chevelure soleil qui a sans doute manqué de choir. Par politesse, elle s'excuse, le rouge aux joues, comme si elle venait de profaner ce lieu "sacré". Tu lui réponds avec un petit signe de la main : « Allons, je vous en prie. J'imagine que les gens sous terre ont sans déjà entendu bien pire de leur vivant. Ça ne devrait pas les choquer plus que de raison... » Puis tu t'approches comme pour amorcer la rencontre. « Vous êtes venue voir un proche j'imagine... »