{ I'm on a rollercoaster but I'm on my feet } axl

Jules n’a jamais ressenti le besoin d’être entourée, bien plus que ça elle trouvait un certain réconfort à se sentir seule. Elle n’a jamais bien su pourquoi, remettant toujours ça sur le dos de la maladie. C’est plus simple de souffrir seule, ça fait moins de dégâts. Elle s’était rapidement convaincue aussi que ça évitait aux autres de s’inquiéter trop pour elle, sans vraiment de raison. Oui, elle est malade, non elle n’est pas mourante, oui elle a mal, non elle n’ira pas le crier sur tous les toits. C’est peut-être parce qu’elle a toujours vu le regard inquiet de ses parents sur elle, quand elle a compris que s’aimer c’était pas toujours assez pour finir sa vie ensemble. Jules n’a pas envie de ça. Elle fait cependant une exception toute particulière : Axl. C’est le côté positif de la maladie, c’est comme ses reins, aussi loin qu’elle se souvienne, il a toujours été là. Alors, elle s’est dit, Axl, c’est la famille et il peut voir le pire de moi. C’est une dose quotidienne si elle veut se sentir bien, ce sont des textos toute la journée, des appels et une présence physique au moins tous les deux jours. Elle n’est pas exigeante, il a d’autres chats à fouetter.

Jules avait dû passer à la pharmacie, faire le plein de médicaments, c’est habituel, c’est quotidien et elle n’a jamais eu à s’offusquer de prendre un tas de cachets. Elle n’a connu que ça. Le sac « vital », il est dans sa main droite, dans la gauche enfin sac qui tient dans le pli de son coude plutôt, elle a fait le plein de viennoiserie et elle avait été incapable de résister au premier pain au chocolat qu’elle déguste de sa main gauche. Avoir des reins à la gueule de Quasimodo ce n’était pas assez, il a fallu qu’en plus elle soit gauchère. Franchement, c’est une blague. Le cul posé sur un banc, le corps emmitouflé dans un gros pull qui n’est pas le sien et une large écharpe autour du cou, elle attend. Pas très longtemps, il faut le reconnaître mais elle attend, jusqu’à ce qu’il débarque dans son véhicule… Aaah son chauffeur ! Elle s’appuie sur la fenêtre qui est ouverte feintant l’agacement « J’ai presque cru que t’allais pas venir ! C’est que j’ai aussi presque eu le temps de m’ennuyer ! » C’est faux, Jules ne sait pas s’ennuyer, son cerveau refuse de lui laisser le moindre répit. Elle ouvre la portière, s’installe en n’oubliant pas la ceinture de sécurité ; avec sa chance, elle pourrait claquer dans un accident de voiture, elle serait belle l’autopsie. Puis, s’empresse de fermer la fenêtre, hors de question d’avoir froid. « Tiens ! Je t’ai pris ça ! » Le sac de viennoiserie finit sur les jambes d’Axl « J’ai pris de l’avance ! » Elle lui adresse un sourire malicieux avant de reprendre. « On va où ? » En vrai, elle s’en fou, il pourrait l’emmener à l’autre bout du monde qu’elle s’en ficherait éperdument.


@Axl Ashcroft

Tu étais du genre matinal en ce moment. La tête enfoncée dans les factures, tu te demandais à chaque fois comment tu allais t'en sortir. Il était pour toi, hors de question d'abandonner ton projet de remettre à flot le restaurant familial. C'était bien un des seuls projets où tu souhaitais aller jusqu'au bout. D'habitude, t'étais pas du genre à réussir les choses. T'en étais capable pourtant. Mais tu ne t'en donnais jamais les moyens. Tu ne finissais jamais ce que tu commençais. Comme tes études de droit. Ou bien même celle de management. Tu avais réussi à avoir ton permis. Exploit. Mais, tu savais très bien qu'il t'aiderait à t'échapper vite de ta famille. C'était ton leitmotiv. Aujourd'hui, c'était un projet pour ta famille. Totalement le contraire. Mais, tu étais plus que motivé. Malgré le fait que plus les jours passaient et plus, ton compte en banque maigrissait à la vue des nombreux impayés de ton paternel. Tu te prenais la tête sans cesse. A tel point que tu n'avais pas vu l'heure défilée. Tu avais donné rendez-vous à Jules, ta meilleure amie. Et ça ne pouvait que te faire du bien de sortir prendre l'air.

T'avais enfilé un jean et un sweat en vitesse. L'habitude de rester h-24 en caleçon chez toi. D'ailleurs, si tu pouvais même l'être à l'extérieur, tu serais le premier à te foutre à poil. Sauf que les températures extérieures ne te le permettaient pas. Ca se verrait vite à ton entrejambe. Le boa constrictor deviendrait petit ver de terre. Les mains sur le volant de ton combivan, tu avais automatiquement allumé le chauffage. Fallait pas que miss Ziegler attrape froid quand elle y poserait son joli fessier. T'avais un peu de retard mais, ça ne t'étonnait même plus. T'avais jamais été ami avec les horaires à respecter. T'avais jamais su être à l'heure et ça ne risquerait pas de changer. Arrivé à hauteur de Jules, tu la regarda monter à côté de toi.  « tu sais comme j'aime me faire désirer Ziegler. » Entre vous, c'était si simple. T'avais pas besoin de réfléchir. Tu ne jouais pas un rôle. Tu étais juste toi-même. C'était largement suffisant. Et elle te connaissait par coeur. Elle avait prévu de la nourriture pour la route. « Ca tombe bien, j'avais encore rien mangé aujourd'hui. » Ni une ni deux, le pain au chocolat finit dans ta bouche alors que tu contrôlais le volant d'une seule main. La bouffe vous réunissez. T'adore manger mais, tu ne sais absolument pas cuisiner. Un comble pour toi qui souhaite réouvrir le restaurant. Tu pris la direction de la cascade. Plus jeune, vous aviez l'habitude de passer toutes vos journées là-bas. Et ça faisait bien longtemps que vous ne vous étiez plus retrouvé à cet endroit. « On va prendre l'air... » T'hésites à lui avouer tout de suite. Ca pourrait être une belle surprise. Mais, elle reconnaitrait facilement la route. Vous l'aviez tellement parcouru celle-là. « On va retrouver notre endroit Ziegler. » Le pain au chocolat avalé en vitesse, tu avais pu t'essuyer les mains avec des serviettes en papier qui trainaient dans ta voiture. Souriant, pensant au bon moment que vous alliez passé, tu ébouriffas les cheveux de Jules pour l'entendre râler un peu. T'aimais bien la titiller. C'était ton passe temps favori avec elle.

@Jules Ziegler

S’il y a bien une personne capable d’égayer la journée de Jules, c’est bien Axl. Ils se connaissent par cœur, c’est d’une facilité déconcertante d’être avec lui. C’est d’ailleurs peut-être trop facile. Jules pensa savoir ce dont il a besoin avant même qu’il ait eu à ouvrir la bouche, la preuve étant avec les viennoiseries qu’elle avait pris soin d’acheter avant son arrivée. Axl n’avait pas eu le temps d’avaler quoi que ce soit ce matin et voilà que Jules avait anticipé la disette. L’inverse est également vrai quand Jules s’était glissée dans le combivan parfaitement chauffé, elle qui d’ordinaire à souvent trop froid malgré les couches de vêtements qu’elle s’évertue d’enfiler. C’est confortable d’être avec Axl, les surprises n’en sont pas vraiment car il sait ce qu’il fait et Jules également, il n’ira pas lui faire prendre des risques bêtement tandis que de son côté Jules aime à croire qu’elle lui fait garder les pieds sur terre et qu’il a bien besoin d’une fille stable dans son entourage. Elle compense avec tout ce que les coups d’un soir ne peuvent pas apporter, un certaine sécurité et une routine non désagréable.
Elle lui a tiré la langue comme réponse à son fameux j’aime me faire désirer. Fausse drague, fausse phrase d’excuse ça ne prend pas avec Jules. Axl vaut bien mieux que tout ce qu’il prétend être. Jules le sait, elle le connaît et elle l’a vu grandir dans une famille totalement dysfonctionnelle, avec elle pas besoin de jouer au con, il ne l’aura pas comme ça. Pourtant, la taquinerie fait partie de leur manière d’être, d’échanger parce que c’est toujours plus simple de rire que de parler de sujets qui fâchent. Ils ont gardé leur âme d’enfant pour se préserver.

Jules avait approché ses mains de la source de chaleur en demandant où est-ce qu’ils se rendaient pour leur journée ensemble. Ses extrémités sont toujours difficiles à réchauffer. Axl tente un suspense qui ne sert à rien car il crache le morceau avant même d’avoir pu faire languir Jules. « Aaah la cascade… très bon choix Ashcroft ! » S’appeler par leur nom de famille fait partie du jeu, de leur fausse rivalité qui n’a jamais eu lieu, l’impression de distance entre eux qui n’est qu’une pâle illusion, personne n’est dupe face à ce manège idiot. Axl ébouriffes les cheveux de Jules qui râle immédiatement « Arrête ça j’étais coiffée ! » Faux. Elle avait laissé ses boucles libres qui avaient pris soin de faire n’importe quoi dès le premier coup de vent qu’elle avait pris en quittant son domicile. C’était toujours peine perdue de se coiffer. Elle avait essayé plusieurs fois sans succès, même les lisser tendait de l’exploit et des rares occasions où Jules prenait le temps de ressembler à autre chose qu’un épouvantail. (si on suit ce qu’elle dit.)
Il leur faut rouler plusieurs minutes avant d’arriver à destination, minutes qui sont passées à une vitesse folle à base de moqueries, tacles gentillets et discussions peu sérieuses. Elle est la première à sortir du véhicule reposant son sac sur l’une de ses épaules. Elle attend Axl de son côté du combi avant de le pousser de son mini gabarit. « Tu t’encroûtes papy Ashcroft. C’est moi la cassée de nous deux non ? » Elle le devance en sautillant sachant qu’il ne lui en faudrait pas beaucoup pour la rattraper, elle en profite quand même pour se retourner et signer d’un tirage de langue, le deuxième de la journée, digne d’une gamine de 6 ans.

Il n’y a qu’avec Axl qu’elle est vraiment elle.



@Axl Ashcroft